LE CAP VERT

Traversée Canaries - Cap Vert

Le lundi 23 novembre à 8H30, nous quittons le port de San Sebastian de la Gomera aux Canaries direction le Cap Vert pour une belle navigation de 800 miles (1500 kms). Nous partons travers avec un vent modéré. Une petite houle de travers nous brasse un peu  … notre corps doit s’habituer à nouveau à ce mouvement continu qui perturbe nos sens, et secoue nos estomacs.

Au bout de 2 jours le vent tourne vent arrière et nous installons les voiles en ciseaux, allure plus confortable et qui nécessite moins de manoeuvres.

 

L’éloge de la lenteur

Le temps est ralenti, rythmé par le lever et le coucher du soleil. Nous passons beaucoup de temps à observer l’environnement qui nous entoure : le ballet des poissons volants sur les crêtes des vagues, les fous de bassan en chasse rasant l’eau. Le troisième jour une centaine de dauphins viennent nous saluer au petit matin… saut looping, nous sommes gâtés ! Ces petits instants magiques nous redonnent de l’énergie lorsque la fatique pointe son nez ! 

 

Les quarts de nuit se mettent en place toutes les 2H30, et une sieste en journée pour tenir le coup … et être à peu près réveillé pour répondre aux sollicitations des enfants qui ouvrent de grands yeux à 7H en grande forme après 11H de sommeil ! Ouf dur, dur ! Nous répondons aux questions par onomatopées, l’oeil fixe et dans le vague : “maman”, “papa” …”mmmh”

Les nuits sombres du premier quartier de lune, la perception change, le plancton fait scintiller la mer. Les poissons volants recouverts de plancton tracent des lignes lumineuses au dessus de l’eau … féerique.  Les bruits envahissent l’espace, le vent, le son des vagues le long de la coque, les craquement du bateau, les voiles qui claquent … notre maison flottante devient une véritable caisse de résonance. Malgré ma réticence au départ … j’adopte rapidement les boules quies pendant mes quarts de repos ! 

Après une période plutôt maigre en poissons pour ne pas dire casi nulle … 4 maquereaux en 4 mois ;), enfin ça mord !

Nous pêchons 3 dorades coryphènes pendant cette traversée !

Sur la photo la plus grosse, une belle dorade de 80 cm environ.

Ces belles prises sont les bienvenues pour agrémenter les féculents et les légumes … 

Nous avons fait une croix sur notre vieux groupe froid qui consomme trop d’énergie … donc pas de frais !

D’ailleurs la nourriture est un grand sujet de conversation … notamment pour les enfants qui rêvent de steak frites et de chocolat !   

Bon moi, j’avoue qu’un bon petit camembert au lait cru … miam miam !   

 

Sao Vincente

Nous arrivons le dimanche 29 novembre à 18H30 dans le port de Mindelo sur l’île de Sao Vicente au Cap Vert après 6 jours et 10h de navigation. Amarré sur pendille, nous posons un pied sur le ponton … ça tangue un peu !

Après cette longue période de navigation, l’arrivée à une saveur particulière, nous ouvrons grands nos yeux et nos oreilles, avides de découvrir  “ce petit pays” comme le surnomme la chanteuse Cesaria Evora. 

Nous effectuons les formalités d’arrivée, police d’immigration, clearance, justificatif test PCR, sans difficultés.

Nous arpentons les ruelles de Mindelo, maisons colorés de type coloniales, petites gargotes où déguster la Cachupa (sorte de ragoût – plat typique cap verdiens), marché aux poissons : garoupa (mérou rouge), salmoneta, bedion (poisson perroquet), la place du marché aux fruits et légumes et la station des aluguers (taxi collectif). Dans la rue, quelques femmes assises sur le trottoir vendent quelques bananes ou des maracujas (fruits de la passion).

 

Le Cap Vert a réouvert dépuis le 12 octobre, les seuls touristes à ce jour, sont les navigateurs en escale sur la route des Antilles.

Malgré ce contexte économique difficile, et une pauvreté palpable, nous ne sentons pas d’animosité. Le peuple cap verdiens est très accueillant et dégage beauté et fierté.

Nous partons en aluguer (taxi collectif) en compagnie de nos amis les Vagabond à la Baia das Gatas, au Nord Est de l’ île. Cette baie, lieu de villégiature des cap verdiens est mentionnée comme point remarquable à découvrir. A l’arrivée, “pas âme qui vive”, maisons, restaurants, bar fermés. L‘endroit est désert et semble presque à l’abandon. Nous avancons un peu surpris et sceptiques dans ce no man’s land, le long des fondations d’une route en construction. Au fur et à mesure de notre errance, un paysage grandiose s’offre à nous, de grandes dunes et de surprenantes falaises de sable, une eau transparente où déferlent les vagues, et en toile de fond le Monte Verde … c’est splendide et rien de pour nous ! Sur le chemin du retour, nous observons une barque de pêcheur à voile latine rentrant au mouillage, quelques poissons en fond de cale. Près du mouillage quelques baraques de bois et de tôles  … une autre réalité. 

 

Après cette semaine de huit clos familial, nous sommers heureux de retrouver les bateaux copains rencontrés aux Canaries mais aussi de faire de nouvelles rencontres dans le port mouvant de Mindelo. J’insiste sur le mot mouvant au sens propre car ce port est sujet au ressac, nous continuons à tanguer au port … les amarres se tendent et provoquent des à coup violents et réguliers … amortisseurs obligatoires !

Nous partageons une belle soirée au restaurant, et oui ici c’est permis, avec nos bateaux copains : Les Vog ma Bog (Anne Cécile et Nicolas et leurs enfants Côme, Hortense et Octave) et Les Vagabond (Eléonore, Thomas et leurs enfants Olivia et Augustin), bercés au son de la morna, cette musique douce et nostalgique du Cap Vert.

Santo Antao

Le dimanche 6 décembre, nous partons  visiter l’île de Santo Antao en compagnie de l’équipage du bateau Vagabond. Aquavel reste au port … pendant ces 3 jours nous redevenons terriens et logeons sur la terre ferme dans un gîte dans la vallée de Paùl.

Les enfants sont très excités de dormir dans une maison, dans un vrai lit avec une douche… et pour tout dire … nous aussi 😉 

Nous partons donc en ferry, un bateau adapté pour les estuaires et non pour la mer, ça roule beaucoup !

 

Nous arrivons en matinée sur l’île de Santo Antao et nous nous noyons pendant ces 3 jours dans ces paysages grandioses à la végétation luxuriante … nous laissons nos regards se perdent dans ces dégradés de verts qui contrastent avec les paysages désertiques de Mindelo et le bleu de l’océan 😉 

Nous empruntons la très raide route de la Corda en minbus. Cette route aux nombreux virages à flanc de montagne surblombe des vallées profondes et traversent des fôrets de pins avant d’arriver en haut du cratère volcanique de la Cova. 

Nous arrivons aux gîtes “Casa das Ilhas”, après une petite grimpette de 15 minutes sur un petit sentier … l’endroit se mérite. 😉  Nous sommes au milieu de la montagne, la situation est dingue et la vue est splendide ! Les gîtes sont gérés par Kathleen. Elle est belge et vit au Cap Vert depuis 25 ans. Elle est très heureuse de nous accueillir, nous sommes les premiers touristes depuis mars 2020 ! 

L’après-midi, nous nous promenons dans la vallée au milieu des arbres et des cultures : arbres à pain, palmiers, dragonniers, goyaviers, bananiers, cannes à sucre, cafeiers, ignames, maniocs, haricots. Nous traversons un hameau avec quelques petites maisons en pierre. Les cap verdiens nous accueillent avec le sourire et un petit mot de français. Ils sont curieux et surpris de nous voir. Dans ce hameau un immense haut parleur diffuse de la musique dans toute la vallée !

Le lendemain, nous partons en 4×4, pour le plus grand bonheur des enfants, en direction du village de Fontainhas. Nous empruntons une route sinueuse le long de la falaise … “ça donne des sensations comme à Nigloland” dixit Armel. Nous repartons de ce petit village du bout du monde pour une belle randonnée et rejoignons la ville de Ponta do Sol.

 

Nous profitons à fond de ces 3 jours dans ces vallées verdoyantes. Nous faisons le plein de verdure et remplissons nos poumons des odeurs de feuilles et de terre mouillée avant notre départ pour le bleu et l’iode !

De retour au port, le rythme s’accélère, lessive, avitaillement, dernières petites réparations et vérifications. Nous préparons le bateau et nos esprits en vue du départ pour LA TRANSAT … le grand saut ! 

La navigation la plus longue, 2000 miles sur un bateau à voile de 9,50 mètres avec 2 enfants. Le samedi 12 décembre à midi,  nous larguons les amarres et quittons le port de Mindelo. Michèle et Manu du bateau Martin sont présents pour un dernier au revoir.

 

3 thoughts on “LE CAP VERT”

  1. c’est merveilleux quel beau récit, la lecture est reposante.
    On s’enrichit d’histoire de la beauté des paysages et des photos (et surtout Parents et enfants qui posent sur ces photos)
    On révise la géographie!!!!! Continuez d’apprécier toutes ces Pays que vous visitez et le calme de la mer.
    Bisous BISOUS Maman Mamie Papy

  2. Oui vraiment merci pour ce beau récit qui nous fait voyager . ça respire le bonheur, la beauté, la simplicité.
    C’est vraiment grandiose ! Quel voyage de dingue …
    On pense bien à vous .
    Gros BISOUS

  3. Oui. Quel beau récit qui nous permet de nous évader nous aussi avec vos textes et vos superbes photos.
    Je sais suite au mail reçu de Fabio que vous êtes en Martinique, j’attends la suite de vos pérégrinations avec impatience.
    Amitiés à tous.
    Hervé

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